Réflexion sur la photo de paysage
Cet article présente des réflexions pour améliorer vos photos de paysages, les points comme la composition des images avec la règle des tiers ou les réglages de l’appareil photo ne sont pas ici abordés. Vous trouverez énormément d’articles sur le web qui traitent de ces sujets. Ici nous cherchons à engager une réflexion sur la manière d’aborder le sujet de la photo de paysage de manière plus large de manière holistique et cette réflexion provient de l’expérience acquise tout au long de nombreuses années de pratiques. Cet article n’est pas une liste de conseils mais une approche plus large et un témoignage des observations et réflexions faites sur ce sujet.
La photographie de paysage, une fenêtre sur le monde
Réaliser une belle photographie de paysage n’est pas un principe automatique et ce n’est pas une chose innée et simple. Il ne suffit pas de se retrouver devant un très beau paysage naturel que nous présente la nature comme une offrande pour réaliser une photo de paysage magnifique. On pense souvent lorsque l’on se trouve devant un paysage extraordinaire qu’il nous suffit de sortir notre appareil photo pour immortaliser ce moment et lorsque l’on regarde la photo, quelques temps plus tard, on est souvent déçu et on ne retrouve pas forcément l’ambiance et les émotions alors éprouvées.
Pour réaliser une jolie photo de paysage, il est absolument nécessaire de comprendre certains principes qu’il nous faudra prendre en compte et ces principes ne se cantonnent pas à la composition ou aux bons réglages de la vitesse ou de la profondeur de champ, non, ces principes sont tout d’abord les règles de bases liées à des phénomènes physiques et optiques. Le choix de la bonne lumière, de la juste composition ou de la bonne exposition sont également importants mais seront à prendre en compte dans un second temps, une fois que les principes généraux auront été compris et intégrés.
La grande différence entre le fait de vivre un moment et de le traduire par la photographie et tout d’abord la limite de notre champ visuel qui détermine l’étendue de la vision perçue, le cadrage. Le cadrage n’est pas la composition, le cadrage est la définition du périmètre de la photo, ce périmètre défini ce qui sera à l’intérieur et ce qui ne le sera pas. C’est à mon avis le facteur le plus déterminant dans la photo de paysage.
Lorsque nous observons un beau paysage nous sommes à l’intérieur de celui-ci ou tout du moins notre vision binoculaire horizontale est proche de 180° et nous permet d’avoir des perceptions qui seront forcément différentes de ce que retranscrira une image que l’on regarde. En effet, aucune optique à l’exception du fish-eyes ne peut reproduire le champ de vision humain, cette manière de voir. La photographie sera donc comme si nous regardons par une fenêtre et seulement une partie de ce paysage qui s’étend devant vous sera reproduit sur la photo. Cette manière de voir, par l’encadrement d’une fenêtre doit absolument être prise ne compte et anticipé par le photographe qui doit imaginer le rendu de l’image. De plus, notre cerveau interprète le paysage en se focalisant sur les éléments importants et en délaissant la vision périphérique. Notre cerveau fait des choix qui sont inconscient mais la photographie que vous prendrez n’en tiendra pas compte.
La traduction de l’image pour une belle photo de paysage
Un autre élément important à prendre en compte et l’approche que l’on peut avoir en sortant son appareil photo. Est-ce que vous vous dites, ce paysage est beau donc je le prends en photo, ou, vu la beauté de ce paysage comment puis-je le prendre en photo pour le montrer aux autres. Qu’est-ce qui va faire que cette photo sera belle ? Comment est-ce que je peux retranscrire à travers une petite fenêtre cette immensité ? Il faut en fait avoir l’idée d’interpréter le paysage en ayant une réflexion qui dépasse la contemplation, avoir en quelque sorte une démarche intellectuelle et constructive qui apporte un regard différent ou plutôt une autre manière de voir les choses car elles auront été abordées de manière réfléchies et non de manière instinctives. Il faut arriver à comprendre puis à traduire ce paysage. La contemplation est pour soit même, la photographie est pour les autres. Le photographe aura forcément fait des choix et aura un parti-pris. Mais pour cela il faut construire sa réflexion, il ne suffit pas de prendre un nombre important de photographies en se déplaçant de quelques mètres à chaque fois en se disant qu’il y en aura au moins une de belle. Cette méthode très aléatoire ne donne pas de bon résultats ou très rarement. De plus la photo de paysage nécessite souvent un trépied pour des pauses longues lorsqu’il y a peu de lumière au lever ou au coucher du jour. Les belles couleurs seront très éphémères, vous n’aurez donc pas la possibilité de multiplier les prises de vues. Mieux vaut avoir réfléchi en amont et avoir cette démarche de construction de votre image pour être prêt, au bon endroit, avec la bonne focale et les bons réglages pour ne pas rater ce court moment qui ne se représentera peut-être plus.
La composition de la photographie de paysage
On parle souvent de la règle d’or ou règle des tiers pour composer une photographie de paysage mais l’angle de prise de vue, la focale choisie, le lieu de la prise de vue, l’inclinaison du boîtier sont autant d’éléments très importants qu’il nous faut prendre en compte pour composer une belle photo. Si vous prenez 100 personnes différentes qui se trouvent dans le même lieu et que vous demandez à chacun de prendre une photo, vous obtiendrez 100 photographies différentes. Le fait de changer l’angle de prise de vue en plongée ou en contre plongée modifiera très sensiblement l’image finale. Si vous modifié la focale de 30 à 50 mm par exemple, vous aurez également modifié la photo. Tous ces éléments sont donc très importants même s’ils peuvent paraitre anodin au départ. Vous devez donc composer votre image avec les éléments variables mis à votre disposition et je ne parle même pas de votre position lors de la prise de vue, 3 pas à gauche et vous modifiez là aussi votre image. Mettez-vous à ras du sol ou sur la pointe des pieds et vous aurez encore une photo différentes tout en photographiant le même paysage. Tout comme un musicien qui compose une symphonie avec différents instruments, le photographe de paysage doit composer avec toutes ses possibilités et créer des harmonies qui vont se conjuguer entre-elles afin de faire une jolie photo.
Tout est affaire de détails
Comme nous l’avons vu, trouver le bon cadrage est une des choses des plus compliquées, dans cette recherche un élément est le choix de la bonne focale de l’objectif, grand angle ou zoom ? C’est là où il faut déjà avoir une idée de la photographie que vous voulez réaliser car tout dépend de ce que vous souhaitez faire, il n’y a pas de règle préconçue. Nous savons qu’une petite focale, inférieure à 24 mm par exemple offrira un grand angle de vue et qu’une focale plus longue comme le 50 mm ou plus, restreindra cet angle. Allez-vous recherche les détails ou une vision très large qui embrassera l’ensemble du paysage. Voice 2 exemples d’images qui montres des visions différentes. Les 2 photos ci-dessous ont été prise à la suite donc presque au même moment, les mêmes conditions atmosphériques, la même lumière et le même sujet.
La première photo a été réalisée avec une distance focale de 24 mm et l’objectif parallèle au sol. Le 24 mm permet de mettre en évidence le ciel et un cadrage un tiers 2 tiers ce qui n’est pas inintéressant.
En revanche la seconde image prise au 17 mm en légère contre-plongée permet grâce à son grand angle de prendre le ciel mais également les rochers immergés au premier plan ce qui compose encore plus l’image. Les rochers rappellent la profondeur du lac du Bourget qui peut atteindre 192 mètres de profondeur et mène le regard vers le haut de l’image apportant ainsi un sens de lecture de l’image.
Les 2 photos sont belles grâce au sujet et au moment de la prise de vue durant l’heure bleue et ces couleurs incroyables mais personnellement je préfère nettement la seconde qui est une image complète et très bien construite grâce à l’utilisation du grand angle.
La seconde série ci-dessous toujours dans le même style montre 2 images prises au même moment avec des focales différentes, la première au grand angle 24 mm avec l’objectif parallèle au sol.
La seconde photo beaucoup plus serrée avec une distance focale de 100 mm et en contre-plongée.
Sur cette série, c’est le zoom qui donne le meilleur rendu en allant chercher plus de détails tandis que qu’avec le 24 mm, on a l’impression de se perdre. La différence de focale dans les 2 cas ont produit des photos extrêmement différentes à tel point que la première a été primée à un concours international et la seconde n’a pas été sélectionnée même pour une mention honorable. Elles avaient pourtant toutes les 2 le même sujet et les mêmes réglages la seule différence étant le cadrage.
C’est 2 exemples inverses montrent bien qu’il n’y a pas de recette et que le choix de la distance focale et de l’inclinaison verticale de l’appareil photo sont déterminants et doivent être réfléchi et maniés avec une grande précision. Sur le premier sujet c’est le grand angle le plus judicieux or que sur le second c’est la focale de 100 mm. Il n’y a pas de règle, ce sont les choix du photographe qui feront que la photo sera belle ou ratée ou du moins sans intérêt et c’est peut-être cela qui rend la photographie de paysage si intéressante.
Conclusion
La belle photo de paysage se mérite et contrairement à ce que l’on pourrait penser pour en réussir une, cela prend du temps. La démarche doit être tout d’abord globale et réfléchie pour ensuite venir vers les détails comme le réglage de la vitesse. Une préparation est donc indispensable et si vous ratez votre séance photo en revenant avec des photos qui vous déçoivent, dites-vous juste que cela faisait partie de la préparation et que la prochaine fois, vous reviendrez avec un chef d’œuvre.
Le médium sera l’interface entre ce que perçoit le photographe et ce que verra la personne qui regardera la photo. Il y a tout d’abord du côté du photographe une intention et une composition avec les éléments qui lui sont donnés, cadre, distance focale, angle de prise de vue, puis du côté de la personne qui regarde, une perception et une interprétation. C’est l’harmonie de tous ces éléments qui feront la qualité de la photo.
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